Par Georges Gay, Chef services-conseils
Les montres connectées et trackers de fitness sont partout de nos jours. Ils promettent de tout mesurer : VO₂max, fréquence cardiaque, calories brûlées, saturation en oxygène (SpO₂), variabilité de la fréquence cardiaque (VFC), nombre de pas, qualité du sommeil, et j’en passe. Ces gadgets high-tech sont devenus les coachs de poignet pour des millions de personnes, des athlètes aux débutants en passant par ceux qui veulent simplement surveiller leur santé. Mais une question cruciale se pose : à quel point peut-on faire confiance à ces mesures?
Spoiler alert : pas tant que ça. De plus en plus d’études montrent que de nombreux bracelets et montres de sport fournissent des données approximatives, voire carrément fausses, sur plusieurs paramètres clés de la santé et de la performance. Autrement dit, ton appareil te ment peut-être sur certains points importants de ta condition physique. Dans cet article, on fait le tour des principaux indicateurs – du VO₂max aux calories brûlées – pour comprendre où ces appareils se trompent, pourquoi c’est un problème (zones d’entraînement faussées, décisions basées sur de mauvais chiffres), et même quels recours juridiques ont été tentés contre les fabricants.
Soyons un peu critique, voire chialeux : voici la réalité derrière les chiffres de nos gadgets fitness. Attache bien ton bracelet, on embarque pour un voyage au cœur de la crise de précision des montres connectées et traqueurs d’activité!
Le VO₂max est censé mesurer ta capacité aérobiemaximale – en gros, à quel point ton corps utilise l’oxygène pendant un effort intense. C’est un indicateur prestigieux de la forme cardiovasculaire, que beaucoup de montres affichent fièrement comme “score de forme” ou “cardio fitness”. Sauf que… la plupart du temps, ce nombre est une estimation, et pas toujours dans le mille.
Les montres Garmin, Apple, Polar, Coros et autres estiment le VO₂max via des algorithmes basés sur ton rythme cardiaque et parfois ton allure de course. Or, ces calculs indirects peuvent être à côté de la plaque (lire dans le champ). Selon une revue scientifique récente, les wearables surévaluent souvent le VO₂max d’environ 10 à 15 %. Par exemple, si ta montre affiche fièrement un VO₂max de 50 ml/kg/min, il se peut que ton vrai score soit plutôt autour de 44… ou que tu doives vraiment passer un test en laboratoire pour en avoir le cœur net.
Pourquoi cet écart ? Parce que pour mesurer le VO₂max précisément, il faudrait un masque et du matériel sophistiqué pour analyser les échanges d’oxygène et de CO₂ pendant un effort maximal – pas juste une montre à ton poignet. Ton appareil fait de son mieux en se basant sur des tendances (fréquence cardiaque, vitesse, données démographiques), mais il ne mesurepas directement ta consommation d’oxygène. De plus, le VO₂max affiché peut varier selon les conditions d’entraînement : beaucoup de montres ajustent ce score après une course à pied en extérieur avec GPS. Si tu ne cours pas souvent ou que tu fais surtout du vélo/spinning/Zwift, le score peut être moins fiable.
En clair : prends le VO₂max de ta montre avec du recul. C’est un bon indicateur de tendance – utile pour voir si ta forme cardiovasculaire s’améliore – mais ce n’est pas une valeur absolue gravée dans le marbre. Ne te vante pas trop vite d’un “VO₂max d’athlète” sans un vrai test, et ne déprime pas non plus si le chiffre baisse soudainement d’un point ou deux . Ce n’est pas une science exacte, et ton corps réel vaut mieux que ce numéro.
Beaucoup d’entre nous consultons notre fréquence cardiaque sur nos montres durant les séances d’entraînement ou même au repos pour suivre notre santé. La bonne nouvelle, c’est que pour la fréquence cardiaque au repos ou lors d’activités légères, la plupart des montres s’en tirent honorablement. Des études ont montré qu’en condition idéale (immobile ou effort modéré), les capteurs optiques au poignet peuvent afficher une fréquence cardiaque à ~3 % près de la réalité. Pas si pire, non?
Le souci, c’est que dès qu’on bouge beaucoup ou qu’on intensifie l’effort, l’exactitude prend un coup. En plein exercice, surtout intense, les montres cardio au poignet peuvent manquer des battements et afficher des valeurs en décalage. Si tu fais un sprint ou un entraînement HIIT et que ta montre indique 160 bpm alors que ton cœur est monté à 175+ bpm, ce n’est pas forcément ton ressenti qui se trompe – c’est peut-être le capteur qui galère. Les raisons? La sueur, les secousses, la position de la montre, et même ta couleur de peau peuvent affecter la lecture. Les capteurs optiques utilisent généralement une LED verte qui éclaire ta peau pour détecter le pouls. Or, la lumière verte pénètre moins bien les peaux foncées ou tatouées, et elle peut être perturbée par les mouvements. Résultat : plus l’effort est intense, plus la montre risque d’afficher des chiffres approximatifs.
Un exemple frappant : des chercheurs ont comparé des bracelets cardio au poignet et une ceinture pectorale (considérée comme la référence en précision). Pendant un entraînement de musculation, la montre Whoop 3.0 a été la moins précise, avec jusqu’à ~15 % d’erreur, tandis que même l’Apple Watch 6 avait de 2 à 14 % d’erreur par rapport à la ceinture. En gros, aucune n’était parfaite – et plus l’exercice bougeait, pire c’était.
Cette imprécision pose un vrai problème pour les sportifs qui se fient aux zones de fréquence cardiaque. Si ta montre sous-estime ton pouls, elle peut te laisser croire que tu es en “zone 2 brule-graisses” alors qu’en réalité tu es peut-être en train de taper dans le rouge en zone 4! À l’inverse, une surestimation pourrait te faire ralentir inutilement. On y reviendra dans la partie sur les zones d’entraînement, mais retiens déjà ceci : pour un suivi cardio précis pendant l’exercice, rien ne bat une bonne vieille ceinture thoracique. Les montres optiques, elles, font de leur mieux et sont pratiques, mais n’atteignent pas la fiabilité médicale – surtout pas pour les entraînements à haute intensité ou les personnes ayant des problèmes cardiaques.
D’ailleurs, plusieurs utilisateurs frustrés l’ont bien remarqué. À tel point que Fitbit, l’un des pionniers du secteur, a fait face à un recours collectif aux États-Unis en 2016 de la part d’utilisateurs accusant leurs bracelets Charge HR et Surge d’afficher des fréquences cardiaques farfelues lors de l’exercice intensif. Les plaignants alléguaient des écarts “très significatifs” avec la réalité, potentiellement dangereux pour des personnes qui comptent sur ces montres pour leur santé. Fitbit a contesté, assurant que sa technologie PurePulse était précise sur 24 h… N’empêche, la mésaventure judiciaire souligne un fait simple : on ne devrait pas se reposer aveuglément sur ces données cardio quand notre santé en dépend sérieusement.
Ah, les calories brûlées – beaucoup d’entre nous adorent jeter un œil à cette mesure après une séance de sport (ou même une journée de marche), espérant voir un gros nombre pour justifier la pointe de tarte au sucre d’érable… Malheureusement, s’il y a bien une mesure notoirement peu fiable sur les montres et bracelets, c’est bien celle-là.
Les études sont sans pitié : la dépense calorique affichée par les montres intelligentes peut être spectaculairement à côté de la réalité. Une étude de l’Université Stanford (publiée en 2017) a comparé plusieurs grandes marques et a trouvé que même la meilleure avait 27 % d’erreur en moyenne, et la pire… jusqu’à 93 % d’erreur! Oui, tu as bien lu, près du double de la valeur réelle. En clair, ta montre qui indique “500 kcal brûlées” pourrait très bien n’en avoir vu que 250… ou à l’inverse 750.
La plupart des appareils ont tendance à surestimer les calories dépensées lors d’exercices courants. Par exemple, faire du vélo elliptique en s’appuyant sur les poignées, ou courir en descente, peuvent tromper le tracker. À l’opposé, certaines activités comme le vélo en côte ou porter des charges peuvent être sous-estimées si le poignet ne bouge pas beaucoup. Chaque marque utilise ses propres formules prenant en compte ton poids, taille, âge, fréquence cardiaque, etc., mais aucune n’a le portrait complet de ton métabolisme individuel. Sans test en laboratoire (du genre mesure de l’oxygène consommé), le nombre de calories reste une approximation grossière.
Les conséquences peuvent être embêtantes. Si tu prends pour argent comptant les 600 kcal affichées après ton Zwift et que tu t’autorises un burger “bien mérité” en te disant que c’est compensé… tu risques des surprises sur la balance à la longue. À l’inverse, quelqu’un qui voit un chiffre trop bas pourrait être découragé ou s’entraîner trop dur pour “brûler plus”.
Le conseil : utilise l’indication de calories de façon indicative, pas comme une donnée exacte. Ça peut servir à comparer l’intensité de deux séances entre elles sur ta montre, mais pas à calculer précisément ton apport calorique journalier. Pour perdre du poids ou ajuster ton alimentation, mieux vaut se fier à des méthodes éprouvées (compter les calories ingérées avec une appli, consulter un nutritionniste, etc.) plutôt qu’aux calories “brûlées” affichées par ton poignet. Ta montre n’a pas (encore) de labo de physiologie intégré!
Beaucoup de montres récentes (Apple Watch, Garmin haut de gamme, Fitbit Sense, etc.) intègrent un capteur d’oxygène sanguin et affichent ton SpO₂ – le pourcentage de saturation en oxygène de ton sang. C’est une mesure popularisée pendant la pandémie de COVID, utile en haute altitude, et généralement un indicateur de santé important (les oxymètres de doigt sont utilisés à l’hôpital).
Sur le papier, c’est génial d’avoir ça au poignet. En pratique, il faut savoir que ces capteurs ne sont pas de qualité médicale. Les montres connectées peuvent donner une estimation de ton SpO₂, généralement dans les 95-100% si tout va bien, avec une précision à ±2% près dans de bonnes conditions. Si tu es détendu, immobile et que tu respires normalement, la valeur peut être proche de la réalité.
Cependant, plusieurs facteurs limitent la fiabilité :
D’ailleurs, un recours collectif a récemment allégué que certains modèles Fitbit fournissaient des mesures SpO₂ trompeuses, pouvant retarder des soins pour des utilisateurs qui croyaient aller bien d’après leur gadget. C’est dire le danger si on prend ces chiffres pour parole d’Évangile.
En clair : Le SpO₂ de ta montre est un petit plus sympa pour les curieux ou les alpinistes occasionnels, mais ce n’est pas un dispositif médical homologué. Si tu as des soucis pulmonaires, de l’apnée du sommeil, ou que tu veux un suivi précis de ton oxygène sanguin, ne t’appuie pas uniquement sur ta montre. Prends les résultats comme une tendance informative. Et au moindre doute sérieux sur ta santé, consulte un professionnel ou utilise un oxymètre de doigt certifié. Mieux vaut prévenir que guérir!
La VFC est devenue un argument de vente pour plusieurs dispositifs, notamment Whoop (qui l’utilise pour calculer ton “score de récupération”), ou Garmin, Fitbit et d’autres qui te donnent une idée de ton niveau de stress ou de récupération. Pour faire simple, la VFC mesure les variations de temps entre chaque battement de ton cœur. Un cœur en bonne forme, au repos, aura beaucoup de variations microscopiques (ce qui est bon signe); un corps stressé ou fatigué a tendance à avoir un intervalle cardiaque plus constant.
Sur le plan technologique, mesurer la VFC exige de la précision. Bonne nouvelle : quand la mesure se fait la nuit ou au repos, de nombreuses montres parviennent à estimer correctement cette VFC. Les erreurs sur la VFC brute sont généralement modestes par rapport à un ECG médical. Donc, ton tracker peut repérer les grandes tendances : par exemple, il verra probablement si ta VFC moyenne passe de 50 ms à 80 ms d’un mois à l’autre, ce qui indiquerait une amélioration de ton repos.
Mais attention : la VFC varie énormément au cours de la journée et d’une journée à l’autre. Un coup de café, une mauvaise nuit, une maladie qui couve, une séance intense hier… tout ça peut faire fluctuer ta VFC du simple au double temporairement. Du coup, il ne faut pas surinterpréter une valeur isolée. Si ce matin ta montre indique une VFC légèrement plus basse et te qualifie de “moins récupéré”, ne panique pas. Regarde plutôt la tendance sur plusieurs jours.
De plus, chaque marque a son propre algorithme pour calculer un score à partir de la VFC : Whoop a son “Recovery Score”, Garmin son “Body Battery”, etc. Ces scores simplifiés peuvent varier d’un appareil à l’autre pour une même personne! Ne compare pas le score de récupération d’un Whoop avec celui d’un Polar ou d’un Oura ring – ce serait mélanger les torchons et les serviettes. L’important est de te connaître : si ton gadget dit que ta VFC est basse mais que toi tu te sens en pleine forme, fais-toi confiance (et vice versa, apprends à repérer quand la donnée semble cohérente avec tes sensations de fatigue).
En résumé, la VFC mesurée par les montres est utile pour déceler de grandes tendances (par exemple un surmenage ou un surentraînement qui se profile, ou une amélioration grâce à une meilleure hygiène de vie). Cependant, ce n’est pas une boule de cristal infaillible. Utilise-la comme un outil de plus dans ton arsenal, pas comme un juge absolu de ton état du jour. Ton ressenti, ta qualité de sommeil, ton alimentation jouent aussi énormément. La technologie ne sait pas encore tout – ton propre corps, lui, envoie des signaux que tu dois aussi écouter.
Le compteur de pas est l’une des fonctions les plus basiques et anciennes des podomètres et autres trackers d’activité. On pourrait penser que c’est facile à mesurer – après tout, un pas c’est un pas, non? En réalité, même ce chiffre tout bête peut être franchement erroné selon les appareils et les situations.
La plupart des montres utilisent un accéléromètre (capteur de mouvement) pour détecter les secousses caractéristiques de la marche. Sur un parcours de marche régulière (par exemple 1000 pas sur tapis roulant), les trackers s’en sortent plutôt bien, souvent avec moins de 5% d’erreur. Mais sur l’ensemble d’une journée, c’est une autre histoire. Des tests indépendants (notamment un test massif du New York Times sur 34 modèles) ont montré que presque tous les bracelets surestiment le nombre de pas au total sur une journée complète d’activités variées. En moyenne, l’écart était d’environ +25%. Autrement dit, si tu fais réellement 8000 pas, beaucoup de montres en afficheront 10 000. Cette surestimation vient du fait que plein de mouvements parasites sont comptés comme des pas : faire la vaisselle, bouger les bras en parlant, taper au clavier, conduire sur une route cahoteuse… Tout ça peut ajouter des “pas” fictifs. À l’inverse, certaines situations peuvent sous-estimer tes pas réels : si tu pousses une poussette ou un caddie (ton poignet bouge moins), ou si tu as les mains dans les poches, tu pourrais marcher sans que la montre enregistre tout.
Il y a aussi des variations entre marques et modèles. Un Fitbit et une Apple Watch portés en même temps peuvent très bien afficher quelques centaines (voire un millier) de pas de différence en fin de journée. Un modèle Polar a été mesuré à +31% d’erreur en moyenne, tandis qu’un autre d’une marque concurrente était à +13%. Bref, aucune garantie d’exactitude absolue.
Faut-il jeter le compteur de pas pour autant? Pas du tout. Compter ses pas reste motivant et peut te pousser à bouger plus – et sur le plan de la santé, c’est ça l’essentiel! Si tu te fixes 10 000 pas par jour et que ta montre t’y encourage, tant mieux, même si en vrai tu n’en fais “que” 8 000. L’erreur est relativement constante, donc ça reste un bon indicateur de tendance pour comparer tes jours actifs à tes jours plus sédentaires. Simplement, ne sois pas obsédé par le chiffre brut. Si tu es à 9500 pas le soir, ne tourne pas en rond dans ton salon juste pour atteindre 10k pile – tu peux considérer que ta journée a été suffisamment active. Et n’oublie pas : le podomètre à l’ancienne à la ceinture reste le plus précis. Peut-être que nos montres devraient se porter à la cheville pour être plus fiables… mais alors elles compteraient peut-être les mouvements de jambe inutiles comme des pas (coucou le syndrome des jambes sans repos!). On ne peut pas gagner sur tous les tableaux.
Maintenant qu’on a passé en revue les principales mesures inexactes, il faut aborder comment tout cela impacte ton entraînement au quotidien. Beaucoup de sportifs utilisent les données de leur montre pour guider leurs séances : zone de fréquence cardiaque 1-5, estimations de VO₂max pour calibrer l’intensité, calories pour gérer les apports nutritionnels, score de récupération pour savoir s’il faut y aller mollo, etc. Le problème, c’est que des données erronées = un guidage erroné.
Parlons zones d’entraînement cardio d’abord. Ces zones (généralement 5 zones allant de très facile à maximale) dépendent soit de ton FC max réelle, soit d’une estimation (souvent 220 – ton âge, ce qui est déjà peu précis pour beaucoup de monde). Si ta montre a du mal à détecter les pics de fréquence cardiaque (par exemple elle plafonne à 160 alors que tu es monté à 175 en faisant des sprints), elle pourrait calibrer ta “zone 5” trop bas. Du coup, chaque fois que tu penses être en zone 4 intense selon la montre, tu es peut-être déjà en train de te cramer en zone 5 sans le savoir. À long terme, ça peut mener à du surentraînement ou de la fatigue excessive, parce que tu te bases sur une info de mauvaise qualité. À l’inverse, si la montre surestime ton effort (ça arrive, un capteur qui s’emballe et lit 180 bpm alors que tu es à 160), elle peut te faire peur et te faire ralentir inutilement, ou te classer une sortie en endurance fondamentale comme des intervalles – ce qui fausse tout ton suivi d’entraînement.
Pour le VO₂max et les suggestions de performances : Garmin, Coros et d’autres utilisent le VO₂max estimé pour te donner des conseils du genre “Temps de récupération nécessaire : 72h” après une séance, ou “Performance du jour : -5, entraînement non productif”. Si le VO₂max de base est faux, ces interprétations le seront aussi. Par exemple, si ton VO₂max réel est inférieur à ce que pense la montre, elle peut te surestimer et considérer que tu ne performes pas “comme tu devrais”, te donnant à tort un statut négatif. De quoi démoraliser à tort un athlète qui suit scrupuleusement le programme… À l’inverse, un VO₂max surévalué peut te faire croire que tu es plus en forme que la réalité, et te pousser à suivre des allures trop rapides en course par exemple.
Pour les calories : si tu t’entraînes pour perdre du poids et que tu manges en fonction de ce que la montre dit que tu as brûlé, tu peux facilement manger trop (ou pas assez) et saboter tes résultats. Par exemple, croyant avoir brûlé 500 kcal en courant tu t’offres un dessert à 300 kcal… sauf qu’en vrai tu n’avais brûlé que 300, du coup ton déficit calorique espéré disparaît. Ce n’est pas directement “l’entraînement” qui souffre, mais tes objectifs santé/performance autour peuvent être biaisés.
Enfin, pour la récupération et charge d’entraînement: les plateformes type Training Load de Garmin, Recovery Score de Whoop, ou Préparation à l’entraînement de Polar se basent sur plein de ces métriques (fréquence cardiaque, VFC, sommeil, etc.). Si plusieurs de ces entrées de données sont erronées, la conclusion (“tu es prêt à 100%” ou “attention, fatigue élevée”) peut être à côté de la plaque. Tu pourrais alors forcer un jour où ton corps réel n’est pas remis, ou stresser d’avoir une mauvaise récupération affichée alors que c’est juste la montre qui a mal capté ta VFC car tu as bougé la nuit.
Que faire alors? Heureusement, la plupart des entraîneurs te le diront : il ne faut pas s’entraîner qu’avec des chiffres. Utilise-les en guide, mais garde toujours une part de sensations personnelles. Apprends à reconnaître ton effort perçu : être capable de te dire “ok, là je suis en endurance tranquille” ou “là je peux tenir 5 minutes max à ce rythme”. Les montres, même imprécises, restent utiles pour suivre les grandes lignes (par exemple voir si ton rythme cardiaque baisse au fil des mois pour un même effort – signe de progrès). Mais ne deviens pas l’esclave de ta zone X pile entre 140 et 155 bpm si tu sais intérieurement que tu pourrais pousser un peu plus ou que tu es cramé ce jour-là.
Si tu vises de grandes performances, envisage de faire des tests encadrés : test d’effort en labo pour calibrer zones et VO₂max, ou au moins utilise une ceinture cardiaque pour tes entraînements clés, afin d’avoir des données fiables. Les montres connectées sont de super outils d’appoint pour donner du feedback, tant qu’on se rappelle qu’ils ont leurs limites. Entraîne-toi avec ta tête et ton ressenti, pas seulement avec l’algorithme.
On l’a vu, certaines imprécisions ne sont pas juste des anecdotes – elles ont fini devant les tribunaux. Au-delà du cas Fitbit en 2016 pour le cardio, d’autres fabricants ont eu des sueurs froides (sans jeu de mots) face à des critiques publiques ou menaces légales. Des consommateurs ont porté plainte estimant que la publicité des entreprises était trompeuse quant à la précision.
Outre Fitbit, on peut citer des débats autour de Whoop ou d’autres bracelets orientés “santé” : par exemple, si un appareil vend la promesse de suivre votre taux d’oxygène la nuit pour détecter des apnées du sommeil, mais qu’il manque la moitié des baisses de SpO₂, est-ce une fausse promesse? Pour l’instant, les fabricants se protègent en ajoutant partout des disclaimersdu style « ceci n’est pas un dispositif médical, juste un outil de bien-être ». L’Apple Watch par exemple précise que son appli d’oxygène n’est là qu’à titre informatif.
Ces clauses limitent la casse juridique pour les compagnies, mais n’empêchent pas la déception des utilisateurs qui s’attendaient à des données fiables. Certaines poursuites allèguent qu’une personne aurait pu prendre de mauvaises décisions (ou ne pas en prendre) à cause de données erronées. Cependant, jusqu’à présent, les actions en justice n’ont pas vraiment chamboulé le secteur : ce dernier continue d’innover et de vendre en masse, tout en améliorant graduellement la précision au fil des nouvelles versions.
En somme, sur le plan légal, retenons que nos montres restent des gadgets grand public. Ils ne sont pas tenus aux mêmes standards que des équipements médicaux homologués. Il est toujours bon de lire les petites lignes et de comprendre que non, ton tracker n’est pas infaillible. Au final, tu es responsable de comment tu utilises ces chiffres. Les marques, elles, encouragent une utilisation “indicative” et peuvent difficilement être tenues pour responsables si on a interprété leurs données au pied de la lettre de manière inappropriée – sauf cas extrêmes. Cela peut sembler injuste, mais c’est la réalité actuelle.
Faut-il jeter sa montre connectée à la poubelle pour autant? Bien sûr que non! Malgré toutes ces imprécisions, ces gadgets demeurent de formidables outils de motivation et de suivi de notre mode de vie. Ils nous encouragent à bouger plus, à mieux dormir, à être attentifs à notre santé – et rien que pour ça, ils valent la peine. Comme on dit, le parfait est l’ennemi du bien: même avec 20% d’erreur, si ton tracker t’a fait marcher plus ou te coucher plus tôt, c’est tout bénéfice.
La clé, c’est la compréhension et le recul. Maintenant que tu sais que la précision n’est pas absolue, tu utiliseras mieux les données :
En ayant un œil critique mais en restant joueur avec la technologie, tu profites du meilleur des deux mondes. Oui, nos wearables nous mentent parfois, mais ce ne sont que des petits mensonges blancs– ils ne cherchent pas à nous nuire, juste à nous pousser dans la bonne direction, avec quelques erreurs en route. À nous d’être assez conscients pour ne pas tomber dans le piège de la confiance aveugle.
Entraîne-toi intelligemment, utilise ta montre comme alliée et non comme juge suprême, et tu en retireras le maximum de bénéfices sans les inconvénients. Reste curieux des avancées (la précision s’améliore chaque année un peu plus) et pourquoi pas, combine technologie et bon sens pour atteindre tes objectifs sportifs et santé en toute sécurité. Et dans le doute, les laboratoires te donneront l’heure juste!
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